Quand trop de Reiki tue le Reiki… Et tu peux remplacer « Reiki » par plein de choses.
Moi aussi, je suis tombé dedans. Et je peux en parler sans trembler car plus de 6 ans d’expérience dans le domaine des thérapies alternatives, j’ai eu le temps de me faire une idée… Mais si tu es un peu tendu avec le sujet, mon ton va te déplaire. Sinon bienvenue dans la réalité.
Depuis quelques années, on assiste à une floraison presque surnaturelle de thérapeutes holistiques, praticiens énergétiques, coachs intuitifs, médiums, professeurs de yoga, masseurs quantiques et passeurs d’âmes en reconversion. Comme si l’univers avait organisé un salon du mieux-être permanent, mais sans contrôle d’accès. Résultat ? Une saturation douce mais bien réelle. Et surtout, une bulle spéculative qui commence sérieusement à couiner.
Le syndrome du “Village zen à 12 praticiens pour 3000 habitants”
Si tu vis à Paris, tu t’en sors encore. Le vivier de clients est à la hauteur de l’offre… pour peu que tu sois bon, visible et que tu ne factures pas ta séance comme une Rolex. Mais dans les zones rurales ou les villes moyennes ? On frôle parfois l’absurde. Je l’ai vu, vécu, et franchement : j’en ris aujourd’hui, mais pas toujours il y a quelques années en arrière.
Selon NouvelleViePro, 50 % des professionnels du bien-être sont issus de la reconversion professionnelle. Et beaucoup de ces praticiens en reconversion (souvent des ex-cadres, infirmiers, RH, ou communicants usés) s’installent dans des lieux dits plus « alignés », plus « nature », souvent en campagne, avec un rêve noble : ralentir, aider, vivre en paix. Mais ils oublient une donnée capitale : la densité de population, c’est pas une croyance limitante, c’est un fait.
Et les clients, eux, ne sont pas magiquement attirés par l’éthique ou une formule magique. Et la réalité c’est que les populations rurales ont davantage besoin d’un boulanger que d’un énergéticien de plus.
Quelques chiffres (ça pique un peu, je te préviens)
- Reiki : +42 % de praticiens formés en France entre 2016 et 2022, avec une estimation de 20 000 à 25 000 praticiens aujourd’hui. La majorité sont en auto-entreprise, avec un revenu médian autour de… 400 € par mois selon les rares enquêtes indépendantes.
- Médiumnité : le mot-clé « consultation médium » est en baisse de 17 % sur Google Trends depuis 2022. Sur Instagram, le hashtag est passé de tendance à saturation.
- Yoga : près de 10 000 nouveaux professeurs diplômés chaque année en France, pour un marché local déjà dense. Les studios ferment presque aussi vite qu’ils ouvrent. En province, seuls les profs les plus ancrés ou les plus singuliers tiennent.
- Départs du secteur : en furetant sur le web, on se rend compte qu’une proportion significative de praticiens en reconversion cessent leur activité dans les premières années après leur installation, souvent par manque de clients ou par désillusion.
Une offre en excès, une demande en reflux… et des clients volatiles
On ne peut pas tous proposer « une meilleure connexion à soi » sur un marché où l’indifférence monte plus vite que l’intérêt. Le marketing du bien-être a perdu sa magie. Pire, il tourne parfois en ridicule. Les clients ne savent plus à qui se fier. Il y a une crise de confiance évidente. Et l’offre se répète comme un mauvais mantra : soin énergétique – guidance – réalignement – chakra – intuition – libération – reset quantique… Boum. Copié. Collé. Oublié.
Et moi dans tout ça ? Bah j’ai fait la même erreur…
Je me suis lancé dans le secteur du soin courant 2017 avec de l’envie, des compétences, de la foi même. Mais sans positionnement différenciant. J’étais bon, mais j’étais comme les autres. Et quand t’es comme les autres, t’es remplaçable. Même par quelqu’un de moins compétent, mais plus malin ou plus visible.
Alors j’ai senti assez tôt qu’il fallait changer quelque chose. J’ai singularisé mon approche à partir de 2020. J’ai assumé mes angles morts. J’ai transformé mes “ratés” en matière première.
Ce qu’il va se passer (si ce n’est pas déjà le cas)
La bulle du bien-être alternatif ne va pas exploser d’un coup. Elle va se déliter, comme une mousse trop montée : perte de valeur perçue, départ progressif des praticiens non rentables, recentrage de la clientèle vers les offres les plus structurées, incarnées ou disruptives.
Et c’est tant mieux.
Parce que cette régulation naturelle va créer une nouvelle sélection : ceux qui assument vraiment leur approche unique, et ceux qui ne faisaient que suivre une tendance.
Les solutions ? Il y en a… mais elles ne sont pas confortables
- Singulariser son approche jusqu’à l’os. Pas de joli slogan creux. De la substance. De la posture. De l’angle.
- Accepter que certains devront abandonner cette voie – non pas parce qu’ils sont « nuls », mais parce que ça ne tient pas économiquement. Et il n’y a aucune honte à revenir à une autre activité si elle nourrit mieux.
- Réinventer l’accompagnement avec une vision plus transversale, plus symbolique, plus stratégique.
- Sortir du mimétisme new-age. Arrêter de faire ce que tout le monde fait, parce que ça rassure. Le marché n’a plus besoin de clones qui posent avec une main sur le cœur.
En conclusion : moins de praticiens, plus de trajectoires singulières
Oui, la bulle craque. Et c’est une bonne nouvelle. Elle va faire de la place à celles et ceux qui incarnent vraiment ce qu’ils proposent. Pas ceux qui “appliquent une méthode”. Pas ceux qui répètent une formation. Ceux qui ont transmuté leur propre matière intérieure pour en faire une offre vivante.
Alors si t’es encore là, à te demander comment survivre dans ce chaos… peut-être que le vrai sujet, ce n’est pas comment survivre, mais comment renaître autrement.
Et si t’as besoin d’un coup de main pour faire ça… tu sais où me trouver.
Pour aller plus loin, voici quelques sources :